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Au bout de Moi-même
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Au bout de Moi-même
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26 janvier 2006

Derrière

250px_prison

Il n'y avait pas vraiment d'heures.

Il faisait un peu froid dehors, mais nous étions à l'intérieur de notre café favoris avec Théo. Il parlait de sa nouvelle copine, moi je m'ouvrais enfin un peu sur ce qui me fait sourire. Et puis, je ne sais plus trop comment on en est arrivé là. Quoique, je crois que je fais semblant d'avoir oublié pourquoi on en était arrivé là.
Théo m'a simplement dit : "Nous nous connaissons depuis que tu étais avec David".
Seulement deux ans alors.
Et puis, quand j'ai vu qu'il allait parler de Lui, j'aurais voulu qu'il se la boucle, qu'il ne me dise pas ce que je tentais de ne pas voir.

"Au fait, il y a des rumeurs comme quoi il serait en prison dans le Sud"

Il a fallu une dizaine de mot pour effacer mes soupçons.
Ce n'était pas une rumeur, c'était tout simplement vrai.
Je ne sais pas, Théo m'a regardée bizarrement, comme si il pensait avoir dit une bêtise. Je me suis sentie mal quelques secondes, puis je me suis approchée de Théo, pour verser deux petites larmes. C'est bête à dire, mais malgré tout le Mal qu'il m'a fait, je sais que je ne pourrais jamais lui en vouloir.
Théo m'a demandée si j'aimais encore David.
Je l'ai regardé méchemment, il venait de dire une ineptie.
Bien-sûr, que je ne l'aime plus. Je n'allais pas rester enfermée dans ce fantôme tout le long de ma vie. Bien-sûr que je ne l'aime plus, j'ai assez travaillé sur moi pour effacer tous sentiments amoureux à son égard, ce magnifique affront que j'ai fais à moi-même en tombant amoureuse d'un dealer, d'un camé et de tellement d'autres choses illégales. Je traîne ce boulet dans ma vie amoureuse. Je le garde comme plus belle et grande erreur de jeunesse.

Je n'ai pas pleuré de bonheur, comme si je pensais que c'était bien fait pour lui, comme si je pensais qu'il y avait une justice dans ce monde. Je ne peux pas comparer la tristesse adolescente de l'Amour-Passion perdu à des mois de prisons, à un jugement, à la peine de ne plus avoir de libertés.
Mais je ne le plains pas. J'en sais assez sur lui pour qu'il plonge environ une dizaine d'années.
Non, j'ai pleuré comme une bécasse pour le David que 'j'avais connu. Ce lui si fier, si beau dans la colère, celui avec qui je faisais l'amour, celui qui était intelligent. J'ai revu nos joutes verbales en histoire. Lui étant beaucoup plus pessimiste que moi sur le Monde. Moi voyant l'Histoire comme la science de l'avenir.

Je me souviens de nos conversation sur le Nazisme, lui qui était fier d'avoir un grand-père allemand, qui de plus était rentré dans les SS. Moi aussi, j'avais un grand père allemand. Ou plutôt alsacien. Il m'a toujours dit qu'il n'avait jamais été si heureux que le jour où on lui avait imposé d'aller travailler en Allemagne. Même qu'il y est resté.

Je me suis toujours demandée comment David avait pu arriver à un tel point de révolte vis à vis des autres, pourquoi il était devenu égoïste, lâche, imbue de sa personne. Je l'ai connu brisé par une fille, je lui ai fais remonter la pente, je n'ai rien reçu en retour, sauf peut-être la satisfaction d'avoir tenté de l'aider.

Qui sait vraiment ce qui s'est passé entre nous deux ?
Qui est au courant du mec incroyable que je connais ?

Deux ans plus tard, je me traîne sur ce passé, et je constate qu'on a décidément pas tous le même destin. Que parfois celui-ci se déchaîne sur l'autre.

La dernière fois que je l'ai vu, il m'a annoncée que la fille avec qui il couchait (et non pas sa copine) était enceinte, et qu'il partait dans le sud se refaire une santé.
Son dernier sms date de Août.
Depuis silence radio.

Ma pudeur de ne pas m'imposer dans la vie des autres m'a retenue face à la curiosité parfois maladive de savoir ce qu'il devenait. Peut-être pour constater que je n'avais jamais réussi à l'aider.

Je fais quelques recherches pour savoir si tout cela est vrai. Je vois son père en ville, mais je me vois mal lui dire " Excusez-moi, c'est vrai que...."? Un fils d'àpeine vingt ans en prison, cela ne doit pas se porter si facilement que cela.

Il avait des projets, David.
Il voulait se ranger. Il suivait un psy et il aimait bien dire du Mal de moi, pour ensuite venir pleurer dans mes bras, comme ce fameux jour de Juin, où nous avons passé six heures ensemble. Nous nous étions embrassé, peut-être pour se rassurer qu'on était bien là l'un pour l'autre. Je n'avais plus envie de rien avec lui, même pas de le voir tous les jours. Mais quand en juin, j'ai vu l'homme que j'ai aimé le plus dans mon adolescence pleurer et encore pleurer, en me demandant ce qu'il allait devenir, j'ai dû mentir, en lui traçant un avenir en quadricolor. Je me souviens de mes paroles fausses, de mes espoirs faux, de la lumière éteinte dans mes yeux. "Bien-sûr, tu vas t'en sortir"... Et je rajoutais en moi " Tu t'en sortiras par la mort ou la prison maintenant". C'était une issue fatale. Il sniffait devant moi toute les dix minutes et je sais que le coussin sur mon ventre s'en souvient encore.
C'est peut-être à ce moment là, que je me suis souvenue que j'avais voulue un enfant de lui.

C'est peut-être à cet instant, ou plutôt (le chien..) dans l'été.

J'étais folle de lui parce que 'j'ai réussi à me construire un avenir.

Je n'y pense pas trop à tout cela, de peur de déterrer tous les vieux démons.
Mais cette nuit, j'ai rêvé qu'un ami de David me disait: " Mais non il n'est pas en prison! Il est au Sénégal! D'ailleurs je lui ai envoyé une lettre pour qu'il me renvoie un peu de coke" Et puis tout s'acclèrait, et je le vois se faire tirer dessus. Le sang qui coule, les cachets, la drogue, les armes et tout le reste, tout ce que je n'ai jamais dis à personne, de peur d'être jugée, de peur. Toujours de peur. Même si pour moi, tout ce que je voyais passer, cela n'avait aucune valeur.

Le premier mec que j'ai aimé, à vouloir me tuer quand il est parti, est aujourd'hui en prison.

A méditer pour tous ceux qui n'ont jamais compris à quoi mène ce petit jeu.

Nous sommes dans une socièté de Droit.Le Droit est partout. Il était normal que cela se finisse ainsi.

Mais cela fait mal. Cela touche le sentiment d'amitié profonde. Car si je n'avais pas connu David, je ne serais pas celle que je suis aujourd'hui, je ne serais pas la Marie qui regarde cette vie avec ce sourire d'enfant.

Alors juste Merci. A toi, David.
Pour tout. Le Bien et le Mal.

Je pense que je vais t'écrire.


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Commentaires
L
Putain. <br /> Je suis incapable de rajouter un mot à cet article. <br /> Et pourtant. <br /> <br /> Grosse pensée pour toi. <br /> :)
P
Alex => tu peux rester scpetique, je dis ce que je veux, na !<br /> <br /> Feu : merci de ce commentaire ma belle... Je sais pas si c'est si important pour moi, je sais pas grand chose, c'est assez embrouillé.<br /> <br /> Bizoux à vous deux
F
Il me touche, cet article. Je ne sais pas pourquoi, exactement. Ces bouts de vie, certains brisés, d'autre pas. Cette tristesse. Et malgré tout, cette confiance en un autre avenir.<br /> <br /> Sois forte, Paradoxa.<br /> On sent que c'est si important, pour toi.<br /> <br /> Je t'embrasse.
M
hm... J'reste septique sur ta conclusion...<br /> <br /> Certes t'aurais pas été celle que t'es aujourd'hui sans lui... Mais te connaissant comme je te connais, je sais que ton sourire d'enfant, t'aurais jamais pu le perdre... Le moment où il s'était le plus ternit c'était quand tu subissais ta relation avec lui...
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