Vie
Je suis toujours là.
Un peu moins ici, mais tellement présente là-bas.
Un mois que j'ai ouvert mes ailes et que je tente de voler.
Les vols planés sont pas trop mal malgré une ou deux bonnes chutes.
Je ne touche pas encore le ciel, il paraît que cela s'apprend.
Alors je virevolte.
D'humeur
joyeuses à courir dans les rues de Nancy en chantant Louise Attaque
avec ma copine Solène, faire des batailles avec Raphael qui devient un
socle de ma vie, Victoire et sa prépa, l'alcool et les fêtes, les jupes
qui tournent, le travail qui s'accumulent : on ne compte plus en nombre
d'heures, mais en nombres de devoir.
Ma chambre où il y a
quelqu'un qui passe, un thé, un gâteau, les rires, et les " J'aime bien
être chez Marie parce que ça sent l'encens et parce que c'est tout
petit".
Oui, c'est tout petit chez moi et bien vétuste, mais je m'y plais enfin.
Il
y a le vélo le matin avec Solène, les pains au chocolat dans ma chambre
et Raphael qui est avec Solène. Tous les trois souvent, moi parfois
jalouse de leur bonheur qui semble intact. Ce bonheur qu'ils ont grâce
à moi.
Il y a Henri et son sourire et ses jeunes hommes un peu
fous, un peu psychopathes que je rencontre. Les soirées de Nancy
complétement folle et l'alcool que je bois plus que je ne devrais.
Sortir le soir alors qu'on a cour à huit heures, non, ce n'est pas bien.
Ce n'est pas bien parce que à huit heures on est encore alcoolisé.
Alors, oui, je dérive, je dérive vite et bien, je dérive très bien même.
Et les "je suis jeune c'est pas grave" ne me rassure pas.
Je dérive, je me perds, mais je n'arrive pas à me dire que le soir je peux rester seule.
Dans
ma chambre, il y a des post it un peu partout, ce mal d'amour que j'ai
en ce moment, ce vide profond que je ressens, comme si j'étais
abandonnée alors que je n'y suis pas.
Solène avec Raphael,
Victoire avec son Roumain, M. avec.. Et je passe les gens de ma prépas
qui se bécottent sur les bancs de ce parc. Si bien que parfois en
soirée, je me sens.
Voilà.
Mais il y a les amitiés, les choses de filles qui reviennent.
"Tu me prêtes ton haut ", la jupe en vélo, les coiffures.
Mais il y a le travail, les cours incroyables, les profs à tomber par terre.
Il
y a les notions d'Etat, les rêves, les débats au cafés, le Resto U le
midi, les coups de gueule, coup de colère et les pleurs. Peu rpésent en
début de mois et là..
Là.
Je craque pas mal.
Alors je vais chez Solène, on mange des nems et je me remets au piano.
Je vais au Gala de droit en robe de soirée et je bois pour oublier.
Mais pour oublier quoi ?
Cette solitude qui me prend à la gorge, non ?
Je
vais à la Nocturne, je me retrouve au milieu d'un groupe de machos que
je casse allégrement, je rencontre un mec qui me propose une fessée..
Je vais à une soirée HEC qui fait que je pleure une partie de la soirée dans les bras de Victoire.
J'écris des lettres pleines de fautes et pathétiques, j'écris dans mon grand livre bleu, je lis et je travaille surtout.
Solène a l'impression que je n'arrête jamais, et moi aussi.
Des fois, je me trouve ridicule.
Ridicule
de ne pas oser téléphoner de peur de rentrer dans la vie des gens,
ridicule de pleurer pour une bonne nouvelle, ridicule d'avoir le
sourire depuis. Ridicule de boire pour me dire qu'on pense à moi, parce
que hein, qui penses à moi ?
Recevoir des mails de Rêveuse, d'Alex et Guillaume sur mon portable.
Être toujours au téléphone ou dehors.
Quand je fais la part des choses, je vais bien.
Mais, tu sais, j'ai toujours autant besoin de toi.