Solitudine
Je sens que ça revient.
Me demandez pas pourquoi, je le sens c'est tout.
On sait toujours quand ça vient ces choses-là et là, je sens.
Je sens que je commence à me renfermer sur moi-même, que j'oublie petit à petit qui je suis.
Je
ne m'ennuie pas, je n'ai jamais su m'ennuyer, c'est une chose qu'on ne
m'a jamais apprise quand j'étais petite. Le mot "ennui" est banni chez
nous.
Je fais quelque chose, puisque même quand je suis seule et que je ne fais rien, je pense.
Peut-être trop puisque cela revient.
J'ai eu les larmes aux yeux tout à l'heure et je ne sais pas pourquoi.
Comme une grande vague de solitude en moi, je n'avais envie de rien même pas de nutella c'est pour dire.
Je me trouve grosse, moche, complétement inintéressante. Complétement à la masse surtout.
J'ai pas l'impression de vivre, mes pensées sont trop présentes, beaucoup trop noires pour moi.
Franck
me manque mais rien que de m'avouer qu'il me manque j'en suis malade.
Nous sommes les deux opposés, nos vies seront toujours différentes. Je
ne sais pas où tout ça va me mener. Et pis je sais pas, j'arrête pas de
repenser à David en ce moment et c'est malsain de repenser à tout ça,
de revoir que nos moments de bonheurs, alors qu'il y a plus de moments
noires que d'autres choses.
J'ai besoin de savoir que je plais encore, un peu, que j'ai encore des tas de trucs à découvrir. Là je suis comme une loque, je refuse toutes sorties et je suis déçue quand je téléphone à Fanny et qu'elle est avec M. et que d'un coup elle me dit " allez viens avec nous!" Je sais très bien qu'elles se connaissent depuis longtemps mais c'est pas la première fois qu'elles me font le coup et pis M. adore me descendre en fléche avec Maxime. Là, je sais, je ressemble à une pauvre adolescente de 15 ans qui pleure parce qu'elle vient de comprendre qu'on est toujours tout seul.
Et bien ouais, je pleure.
Et bordel, ça fait du bien.
J'ai
remarqué que ça revenait parce que le soir je suis obligée de lire du
Weber pour que mes pensées soient ailleurs que sur Moi. Il faut que je
m'occupe l'esprit parce que sinon je n'arrive pas à m'endormir. Et pis,
il y a aussi les cauchemars qui me submergent. Je sais plus où j'en
suis. Je ne sais plus où je vais.
Et pourtant, je me sens pas
malheureuse, triste, j'ai pas l'impression d'avoir pitié de moi, de
retomber dans ce schéma où tout 'm'accable, tout est terrible.
Je sais que ma Vie est bien.
Je le sais.
Je n'arrive pas exactement à faire comprendre ce qui se passe dans ma tête.
Je sais que tout va bien, mais je me sens comme perdue dans les moules parfaits que je me suis fais.
Je
me vois seule dans ma chambre étudiante à Nancy en septembre. La veille
de la rentrée. Je ne sais pas pourquoi mais cette pensée me hante
encore plus que les autres. Je me vois seule sur mon lit, assise à me
dire que je ne vais jamais y arriver. Aller vers les autres, sourire,
ne pas donner de fausses images de moi, celle que j'ai donné au lycée.
Ce
qui me fait le plus peur c'est de refaire les mêmes erreurs, de prendre
les mêmes chemins qui ne mènent à rien. C'est d'oublier encore qui je
suis.
Je me connais, j'adore la fête, j'adore étudier et il va
falloir que je mèle les deux. Plus les soucis de fric, je vais
m'amuser...
J'ai trop de questions, pas assez de réponses.
Je mélange un peu tout aussi.
En tout cas.
Je me sens seule.
Très seule.
Trop seule.