A coeur ouvert

13 août 2005

Je l'ai retrouvé, là, au coin de la gare, pas changé, quoique.
Je l'ai retrouvé là, comme si c'était hier que nous nous étions quittés.
Les hauts, les bas, de nos vies, de notre relation.
Les hauts et les bas, et alors ?

Je l'ai retrouvé là, une heure de retard, un peu paniqué, beaucoup stressée pour moi.
Courir dans Paris, métro, pas boulot et pas dodo.
Ouvrir la maison rose, toucher le chien qu'on a vu en photo.
Découvrir ce jardin fabuleux, la vie de cette maison, les rires, la musique partout.
S'abandonner et poser sa vie à côté.
Vous savez, laisser cette vie dont on ne veut plus au coin du quai.
Là où je l'ai retrouvé.

Angoissés de rencontrer cet ami, si précieux et particulier, avec qui nous parlons depuis presque cinq ans.
Je ne sais toujours pas comment Antoine et moi nous avons fait pour oser téléphoner, pousser cette porte, et parler à Guillaume.
Nous avons dû bloquer une bonne dizaine de minutes sur lui, posé dans ce fauteuil et moi près de lui.
Antoine ne disant rien, moi parlant sans cesse, évitant le regard venant de trop loin pour que je comprenne.

Toucher la photo, entendre la voix, comprendre les rires, et se dire que tout cela est bien réel.
Que tout ça je l'avais imaginé et que je le vivais.

Rencontrer des gens formidables chez qui Guillaume et sa meilleure amie dorment.
Être abasourdie par cette ouverture d'esprit, penser dès le début que la semaine sera belle.

Et elle l'a été.

Je l'ai retrouvé.
Paris aux milles facettes qui te subjuguent et te bercent d'illusions.
On se rappelle de Paris la Belle qui tente de charmer les amoureux et de faire tourner la tête aux touristes.
Un peu plus Parisienne à chaque visite.
Un peu plus à penser Paris.
Toujours cette naïveté, ce sourire que je trimballe dans le métro.
Pas Zazie, juste Marie.
Faire la course sur les tapis roulants, sauter dans le RER.
Visites, visites et visites.
Fêtes, fêtes et fêtes.
Malade, malade et malade.

Crise pour rien, pour tout.
Pas assez de sommeil, pas assez de.
Ou trop de.

Antoine.
Guillaume.
Guillaume.
Antoine.

Avoir du mal à dire parfois ces prénoms qu'on se dit tout bas devant son ordinateur, et comprendre que tout ça, c'est bien réel. Le virtuel, on ne connaît plus.

Visiter Paris, être un peu gênée et ne pas savoir trop quoi dire.
Re-redécouvrir le centre ville et tout ce qui est touristique et aimer être une grande touriste.

Katia, Alexis, Emilie, Guillaume, Antoine et moi.
Magnifique.

Et puis rêver.
D'éternité.
S'allonger dans l'herbe et imaginer une autre vie.
Une vie Parisienne, évidemment.
Ne pas donner de nouvelles à personne sauf à sa mère, fermer les yeux plus fort et se laisser aller dans cette semaine qu'on a toujours voulu.
S'émerveiller des regards, des attitudes dans le métro et partager cela avec Antoine.
Sentir la Vie me pénétrer, bien plus qu'avant, comme si je répondais enfin à mes envies, mes désirs et que je vivais comme je l'ai toujours voulu.
Indépendante.

Faire la fête, un peu un soir, beaucoup l'autre.
Recommencer à boire et à rire pour rien, comme à une certaine époque de ma vie, complétement insouciante, mais les pieds sur Terre.
Parfois, quelques leçons de vie aussi.
A parler jusqu'à point d'heures.

A rencontrer les potes d'Antoine
A faire des photos avec mes deux compères, mes deux amis qui sont bien réels, bien présents.
Aimer tout et rien.
Tomber amoureuse de tout et rien.

Vivre.

[ ... ]

Je reprends ce train les larmes aux yeux.
Ce dernier regard sur Guillaume, ce dernier regard sur Antoine.
Serrer les deux dans mes bras et se rendre compte du bien que cela fait.
S'endormir dans le train et pleurer.
Parce que.

Retrouver sa vie et se dire qu'on était mieux avant.
Avant quoi ?
Avant d'épouser le rêve le temps d'une semaine.

Fermer les yeux.

Et après ça ?

Posté par Paradoxa à 23:51 - Commentaires […] - Permalien [#]

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