La vie devant soi
J'aime bien parler à la troisième personne de moi.
Je sais pas,
sortir de mon corps, regarder ce bout de fille/femme (rayer la mention
inutile comme d'hab...) qui vit et qui gigote auprès de ces collègues
humains.
Ça me donne peut-être un petit côté... euhh.. Delon non ?
Enfin j'ai juste la jeunesse et beaucoup moins de succès ( Enfin qui
sait ? ... )
Je n'arrive pas trop à me situer en ce moment.
Parfois, je pense à Guillaume, si loin de moi.
Puis je pense à Raphael, si loin de moi aussi, mais est ce bien la même distance ?
Et puis, j'arrive à Franck, la stabilité même.
Je crois que je suis trop impulsive au niveau de mes pensées.
Ça vient, ça repart, j'suis sûre de rien, tout en étant sûre de tout.
Ce qui est sûre, en revanche, c'est que depuis hier je me retrouve
avec mon sourire Julia Robberts et que surtout, je rigole pour un rien.
La
chanson de Superbus, la chanson de Bénabar, la gueule de mon chat quand
il pousse ( ... ) ( je sais très classe mais celui-là c'était pour
Rêveuse...), à la tête de Weetabix quand je lui sors "ma philosophie"
(Non je ne lui chante Amel Beld... ), la tête de Raphael derrière son
ordinateur quand je lui débite un discours pas possible sur ce que je
ressens, mes cours d'histoire, mes allergies, mes atchoum, le reflet
des gens dans les vitres de l'immeuble qui sont en face de chez moi, la
poussière sur mes meubles, mes livres.
En gros, je me marre tout l'temps.
Hier, le mythe Raphael, comme j'aime l'appeler, s'est effondré en trois seconde et demi.
A cause de deux phrases
"J'ai toujours le temps pour les gens qui ont besoin d'être écouté" que j'ai pris, bien-sûr, pour " La pauvre petite n'a pas de pote elle a besoin qu'on l'écoute" ( Et Alex l'a pris comme ça aussi. Alors me dîtes pas que je suis paranoïaque )
Et surtout. L'erreur fatale.
"Tu trouves que je rêve moi ?"
"Oui, beaucoup trop".
Comment peut on dire qu'on rêve trop ? On rêve jamais trop.
Surtout quand on me dit ça à moi. On ne rêve jamais trop.
Moi, je trouve, que je rêve pas assez.
J'étais plongée dans mes révisions d'histoire, entre Charles De
Gaulle et Mai 68, je crois, lorsque j'ai repensé à ce garçon que j'ai
rencontré à Reims. Ce doux rêveur qu fuit pour Montpellier... Benjamin.
Je
ne sais absolument pas pourquoi mes pensées sont venues se scotcher sur
lui à cet instant. Peut-être parce que je repensais à l'ineptie
(j'adôôôôre ce mot.. ) de Raphael sur les rêveurs et puis j'ai sorti ça
tout connement
"Il y a deux mondes : celui des rêveurs et celui
des autres. Dans celui des rêveurs, il y en a encore deux : celui de
ceux qui veulent faire de la politique pour bouger les autres, moi, et
ceux qui fuient, Benjamin". Et bah diablerie, j'étais hyper-méga-top fière de moi.
Sauf que y'avait que mon chat pour m'entendre, donc c'est sûr ça limitait le prestige.
N'empêche que depuis hier midi, le sourire est bien collé sur mon visage...
Parce que.
Hier midi.
La lettre.
Reçue en Prépa Science Po'.
Alors depuis.
Tu vois.
Quoi.
Alors maintenant, c'est malin d'envoyer des lettres pareilles, je
bosse comme une tarée les dernières matières qui me restent, c'est à
dire : Histoire-Géo, Maths, Allemand et Eco-Socio.
On n'est pas très malin d'envoyer ce genre de lettre en plein bac.
Et
pis en passant, la petite revanche personnelle, qui fait sûrement que
Raphael soit pas très sympa avec moi... Lui, il a été recallé.
Alors,
une nana plus petite que lui, qu'il a pris pour une conne, une rêveuse
en plus, reçue, c'est sûr que son petit égo de mââââle, ça doit faire
mal.
Et pis le connaissant ( et surtout me connaissant) l'égo il doit être vraiment bouleversé.
Limite il aurait envie de me tuer.
Mais on se retrouvera encore à Nancy.
Et c'est là que je me dis, que ma vie avec mes choix vont vraiment commencés.
Une nouvelle chance, qui sait, de faire de sa Vie, son rêve.
En passant, le fameux Benjamin...
Il avait quand même un très belle paire de fesses...