Souvenirs, Souvenirs...
Les yeux encore endormis, elle décide de prendre un bloc note
et de livrer les impressions du moment. Encore un peu fébrile
à cause de sa crise de larmes, elle ne sait pas trop par quoi
commencer. La neige tombe dehors. Cela forme de beaux tourbillons
dehors avec le vent. Le chat est installé sur le lit, il dort
paisiblement. Elle voit des enfants au loin jouer dans la neige avec
leur chien. Puis elle se mets à écrire.
" Il y
a des morceaux de vie qui refont surface, comme si je ne vivais que
dans mon passé. Je ne sais pas pourquoi les images d'un coup se
précipite. Ce ne sont pas des souvenirs qui datent vraiment,
sauf ceux concernant mon père.
Il est incroyable de voir le
travail que peut faire la mémoire et avec quelle exactitude
certains de mes souvenirs reviennent.
Cela doit faire au moins
trois mois que tout m'envahit. Cela s'est fait par vague, et puis par
cycle dans la journée Cela a commencé par les cauchemars
à répétition, puis le goût amer de la vie
dans la bouche le matin et le soir, l'énervement croissant sur
ceux que j'aime, les crises de larmes régulières, les
coup de speed, de joie, la lassitude de toutes les activités qui
font moi. J'arrive plus à faire face à ma vie.
Ces
souvenirs de joie qui reviennent, ces joies intenses que j'ai perdu,
ces grands malheurs aussi. Je n'ai plus de périodes où
tout va miraculeusement bien et puis, ensuite, tout va mal. je suis
dans un encéphalogramme plat. Des petites joies ponctuelles que
je n'arrive plus vraiment à apprécier, des petits
malheurs sans gravité, juste des coups bas, pas de grande
passion, pas de grande déchirure. Une vie monotone sans courbe.
Ligne continue.
Tout est quotidien, tout est banal. Je n'arrive pas
à accepter qu'à 18 ans, tout soit aussi plat. Plus aucune
émotion forte. J'ai juste l'impression de m'enfoncer dans les
sables mouvants. Rien ne me motive, tout est automatisé.
C'est
bizarre cette sensation de se perdre ainsi. Pourtant je ne suis pas
malheureuse. Mais je ne suis pas heureuse. C'est cette étincelle
qui me manque. Cette envie de me battre et de dire ce qui se passe.
Car rien ne se passe.
Ou si peu"
Quand elle a refermé son bloc note, elle s'est allongé sur son lit.
Elle a pleuré.